Elle avait enfin obtenu cette rencontre, cet interview comme on dit en français.
Elle n'y croyait pas encore tout à fait, une sorte de superstition douteuse lui nouait l'estomac.
Néanmoins, elle partit, juste avec son mobile, et un carnet au cas où il serait trop effarouché.....
La maison dans une rue tranquille était bien telle que sa mère lui avait décrite ni imposante, ni particulièrement belle : un peu triste et humide par ce jour d'automne pluvieux.
Le jardin était minuscule et à l'abandon, le perron blanc encore se frayant un chemin à travers les buissons un peu poussiéreux et déplumés.
Elle détestait le buis, ce buisson qui évoquait pour elle des feux plein d'étincelles dans la Drôme, et non pas ces vieux machins sans odeur, même pas bons pour un cimetière.
Finalement elle était de très mauvaise humeur et ce ne fut que cette vieille habitude bue avec le lait maternel, du respect humain qui la fit entrer.
La porte un peu vermoulue était entr'ouverte, elle la poussa découvrit sans surprise l'escalier qui montait et les deux portes imposantes de part et d'autre de l'entrée, carrelée en blanc et noir.
Elle frappa à la porte de droite, puis l'ouvrit sans attendre de réponse :
il était là : immobile derrière un bureau encombré et devant la cheminée surmontée de l'inévitable miroir .
Il la regarda de derrière ses grosses lunettes d'un regard perçant, en contradiction avec le vague sourire sur ses lèvres.
Il lui fit signe de s'asseoir et lui dit seulement ceci :
Quel dommage, Luce, vous êtes venue trop tard.
Elle faillit protester puis dans le même temps elle comprit.
Elle sut que oui c'était trop tard, il avait raison, elle n'aurait jamais dû venir.....
Au moment ou elle allait franchir la porte à nouveau, il ajouta seulement ceci : j'ai bien aimé votre lumière....
Ah non, elle savait bien qu'il ne fallait pas venir.....maintenant elle allait pleurer dans son cœur :
pour combien de temps ?
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