mercredi 4 septembre 2019

Un conte pour l'apocalypse


Un conte pour l'apocalypse

C'était un animal puissant , dans la force de l'âge pour son espèce, le poil gris et brillant, la gorge blanche.

Une dentition impeccable à faire frémir un dentiste.

Il était né dans les Apennins, cette partie d'Italie proche de la frontière. Il connaissait l'histoire de Rome et de l'une de ses ancêtres, il connaissait aussi malheureusement beaucoup d'histoires tristes qui parlaient de lui et des siens, pourchassés, décimés, au point de disparaître presque complètement de la surface de la terre.

Il était pris non pas de colère, mais d'une forme de grande lassitude en pensant à tous ces mensonges

Prenons par exemple le petit chaperon rouge.

Combien de fois n'y avait il pas pensé en le rencontrant sous diverses formes toutes plus craquantes les unes que les autres.

Ce n'était pas lui qui avait été les chercher, encore moins lui qui avait mangé leur grand-mère (enfin quoi ! Il respectait les personne âgées).
C'était toujours elles brunes blondes ou rousses qui s'étaient mises volontairement en travers de son chemin……..toutes avec l'espoir de l'apprivoiser définitivement.

L'une d'entre elle avait failli y parvenir…..et il en avait encore les larmes aux yeux de tendresse.

Enfin bref, il voulait partir, découvrir d'autres terres avoir un nouveau départ.

Il avait un pincement au cœur en quittant l'Italie et ce professeur qui avait prédit qu'un jour lui et ses congénères envahiraient Florence…...mais tant pis ...il verrait bien.

Il prépara deux trois choses qu'il voulait garder et jetant un dernier regard de la colline où il se trouvait, d'un bond puissant s'enfonça dans les fourrés qui rejoignaient la forêt.

Le loup était parti.






Il avait choisi de faire un voyage sans contraintes et n'avait pas prévu d'itinéraire particulier, excepté bien sur ceux qui lui feraient prendre de trop gros risques.

Il était conscient qu'en laissant sa contrée natale derrière lui, ainsi que sa meute, il multipliait les aléas. Mais peu lui importait : il avait encore une grande confiance en lui et en ses capacités mentales et physiques,, à juste raison.

Il décida de remonter vers le nord, il passerait la frontière par un col dont il avait entendu parler, et qui en cette  saison était peu fréquenté et d'ailleurs fermé aux véhicules routiers.

Ces drôles de bêtes à moteur que conduisaient les hommes et qui bientôt allaient les étouffer de gaz d'échappement.

Il chemina sans problème, se désaltérant à l'eau courante d'un torrent ( ah ça lui rappelait le loup et 'agneau!!!! d'un dénommé La Fontaine)

se nourrissant de campagnols, oiseaux, écureuils ou renard).

Petit à petit, la mousse laissait la place à la pierre lisse, les herbes et campanules bleues et roses, à une prairie rase .

les grands dévers de rochers impressionnants et leurs rhododendrons annonçaient un sommet ou un col.

C'était le cas, il sentit l'odeur de la neige dans le vent qui se levait brutalement ; la nuit était en train de tomber. Il pris la décision de s'arrêter là couché dans les rhododendrons, raides pris individuellement, mais souples arrondis en nombre sous son échine lourde et musclée.

En plus il y avait ce parfum moitié fleur, moitié fruit qu'il aimait profondément.


Il fut réveillé par des chuchotements, des pas traînant et une voix qui disait non, non pas là il faut passer le col.

Des hommes approchaient, malgré son regard perçant, il ne les distinguait pas.

Tout à coup, il vit deux ombres, grandes toutes les deux, vêtues de pantalons et veste.

Il était étonné de la légèreté des pas . Généralement les montagnards sont chaussés assez lourdement, et leur pas résonne dans le fond de la terre.

Il resta immobile, prêt à déguerpir s'il le fallait.
Les deux hommes plutôt grands, passèrent, leurs pas et leurs silhouettes se fondant dans la nuit.

Le lendemain à l'aube, le loup se réveilla avec une impression de danger qui lui fit se hérisser le poil, et froncer les babines.

Il prit le vent, très froid et ayant senti une odeur d'homme, reprit son chemin prudemment.

Quelques mètre avant le col , il vit un corps allongé qui semblait dormir mais au milieu du chemin ,tout de même !

Il s'approcha à pas de loup, naturellement, et il vit un homme jeune inanimé. Il s'approcha, le lécha, il n'était pas froid un sentiment de pitié l'envahit et il décida de le traîner devant la petite cabane du col.

L'homme n'était pas très lourd, mais encombrant, il le déposa devant la porte non s'en l'avoir lécher à nouveau, jusqu'à le sentir frémir, et même vaguement soupirer. Il s'en fut alors en courant, mais malencontreusement fit tomber une sorte de boite de conserve qui se trouvait sous ce qu'il pensa être une gouttière.

Du bruit se fit entendre dans la cabane, au loin déjà derrière lui il entendit des exclamations : des paroles ….il ralentit pour écouter ; ils avaient trouvé le jeune homme, ils allaient s'occuper de lui.

Malheureusement pour le loup, le groupe n'était pas homogène : l'un des protagonistes s'exclama ...mais c'est quoi ces traces ?? un loup !!! et le voila de courir chercher son fusil et en hurlant se lancer à la poursuite de l'animal.

Heureusement ses capacités de coureur était moindre que celles du loup qui lui échappa et reprit son chemin sous le couvert d'une forêt encore petite mais suffisante pour lui.

Dans l'après midi, il se reposa non loin de fermes, et il comprit qu'il avait franchit la frontière car le bruit que faisait les hommes avec la bouche avait changé de sonorité.


Il était en France : cela lui convenait ; il avait toujours eu envie de voir Paris, lui qui venait,
ou tout comme d'une capitale aussi belle, Rome.

à suivre......