Un
conte pour l'apocalypse
C'était
un animal puissant , dans la force de l'âge pour son espèce, le
poil gris et brillant, la gorge blanche.
Une
dentition impeccable à faire frémir un dentiste.
Il
était né dans les Apennins, cette partie d'Italie proche de la
frontière. Il connaissait l'histoire de Rome et de l'une de ses
ancêtres, il connaissait aussi malheureusement beaucoup d'histoires
tristes qui parlaient de lui et des siens, pourchassés, décimés,
au point de disparaître presque complètement de la surface de la
terre.
Il
était pris non pas de colère, mais d'une forme de grande lassitude
en pensant à tous ces mensonges
Prenons
par exemple le petit chaperon rouge.
Combien
de fois n'y avait il pas pensé en le rencontrant sous diverses
formes toutes plus craquantes les unes que les autres.
Ce
n'était pas lui qui avait été les chercher, encore moins lui qui
avait mangé leur grand-mère (enfin quoi ! Il respectait les
personne âgées).
C'était toujours elles brunes blondes ou rousses qui s'étaient mises volontairement en travers de son chemin……..toutes avec l'espoir de l'apprivoiser définitivement.
C'était toujours elles brunes blondes ou rousses qui s'étaient mises volontairement en travers de son chemin……..toutes avec l'espoir de l'apprivoiser définitivement.
L'une
d'entre elle avait failli y parvenir…..et il en avait encore les
larmes aux yeux de tendresse.
Enfin
bref, il voulait partir, découvrir d'autres terres avoir un nouveau
départ.
Il
avait un pincement au cœur en quittant l'Italie et ce professeur qui
avait prédit qu'un jour lui et ses congénères envahiraient
Florence…...mais tant pis ...il verrait bien.
Il
prépara deux trois choses qu'il voulait garder et jetant un dernier
regard de la colline où il se trouvait, d'un bond puissant s'enfonça
dans les fourrés qui rejoignaient la forêt.
Le
loup était parti.
Il
avait choisi de faire un voyage sans contraintes et n'avait pas
prévu d'itinéraire particulier, excepté bien sur ceux qui lui
feraient prendre de trop gros risques.
Il
était conscient qu'en laissant sa contrée natale derrière lui,
ainsi que sa meute, il multipliait les aléas. Mais peu lui
importait : il avait encore une grande confiance en lui et en
ses capacités mentales et physiques,, à juste raison.
Il
décida de remonter vers le nord, il passerait la frontière par un
col dont il avait entendu parler, et qui en cette
saison était peu fréquenté et d'ailleurs fermé aux véhicules
routiers.
Ces
drôles de bêtes à moteur que conduisaient les hommes et qui
bientôt allaient les étouffer de gaz d'échappement.
Il
chemina sans problème, se désaltérant à l'eau courante d'un
torrent ( ah ça lui rappelait le loup et 'agneau!!!! d'un dénommé
La Fontaine)
se
nourrissant de campagnols, oiseaux, écureuils ou renard).
Petit
à petit, la mousse laissait la place à la pierre lisse, les herbes
et campanules bleues et roses, à une prairie rase .
les
grands dévers de rochers impressionnants et leurs rhododendrons
annonçaient un sommet ou un col.
C'était
le cas, il sentit l'odeur de la neige dans le vent qui se levait
brutalement ; la nuit était en train de tomber. Il pris la
décision de s'arrêter là couché dans les rhododendrons, raides
pris individuellement, mais souples arrondis en nombre sous son
échine lourde et musclée.
En
plus il y avait ce parfum moitié fleur, moitié fruit qu'il aimait
profondément.
Il
fut réveillé par des chuchotements, des pas traînant et une voix
qui disait non, non pas là il faut passer le col.
Des
hommes approchaient, malgré son regard perçant, il ne les
distinguait pas.
Tout
à coup, il vit deux ombres, grandes toutes les deux, vêtues de
pantalons et veste.
Il
était étonné de la légèreté des pas . Généralement les
montagnards sont chaussés assez lourdement, et leur pas résonne
dans le fond de la terre.
Il
resta immobile, prêt à déguerpir s'il le fallait.
Les deux hommes plutôt grands, passèrent, leurs pas et leurs silhouettes se fondant dans la nuit.
Les deux hommes plutôt grands, passèrent, leurs pas et leurs silhouettes se fondant dans la nuit.
Le
lendemain à l'aube, le loup se réveilla avec une impression de
danger qui lui fit se hérisser le poil, et froncer les babines.
Il
prit le vent, très froid et ayant senti une odeur d'homme, reprit
son chemin prudemment.
Quelques
mètre avant le col , il vit un corps allongé qui semblait dormir
mais au milieu du chemin ,tout de même !
Il
s'approcha à pas de loup, naturellement, et il vit un homme jeune
inanimé. Il s'approcha, le lécha, il n'était pas froid un
sentiment de pitié l'envahit et il décida de le traîner devant la
petite cabane du col.
L'homme
n'était pas très lourd, mais encombrant, il le déposa devant la
porte non s'en l'avoir lécher à nouveau, jusqu'à le sentir frémir,
et même vaguement soupirer. Il s'en fut alors en courant, mais
malencontreusement fit tomber une sorte de boite de conserve qui se
trouvait sous ce qu'il pensa être une gouttière.
Du
bruit se fit entendre dans la cabane, au loin déjà derrière lui
il entendit des exclamations : des paroles ….il ralentit pour
écouter ; ils avaient trouvé le jeune homme, ils allaient
s'occuper de lui.
Malheureusement
pour le loup, le groupe n'était pas homogène : l'un des
protagonistes s'exclama ...mais c'est quoi ces traces ?? un
loup !!! et le voila de courir chercher son fusil et en hurlant
se lancer à la poursuite de l'animal.
Heureusement
ses capacités de coureur était moindre que celles du loup qui lui
échappa et reprit son chemin sous le couvert d'une forêt encore
petite mais suffisante pour lui.
Dans
l'après midi, il se reposa non loin de fermes, et il comprit qu'il
avait franchit la frontière car le bruit que faisait les hommes avec
la bouche avait changé de sonorité.
Il
était en France : cela lui convenait ; il avait toujours
eu envie de voir Paris, lui qui venait,
ou tout comme d'une capitale aussi belle, Rome.
ou tout comme d'une capitale aussi belle, Rome.
à suivre......