jeudi 15 avril 2021

L'Espoir

 cette video pour réconforter tous ceux qui vont renaître de leurs cendres

comme Notre-Dame


 
 


mardi 17 décembre 2019

Un conte pour l'apocalypse ......suite

Conte pour l'apocalypse suite


Laure rentrait chez elle comme souvent le jeudi, avec un sentiment de mélancolie et d'impatience tout à la fois.
Elle était née à Paris, elle aimait cette ville passionnément mais depuis le mois d'avril et l'incendie de Notre Dame, elle traînait avec elle un malaise, un sentiment d'irréparable, comme après la perte d'un être cher.

On était déjà au mois de Décembre et la pauvre cathédrale blessée restait omniprésente dans son cœur même lorsqu’elle ne la voyait pas. Elle avait pu constater auprès de ses amis que tout le monde ressentait cette perte : la dernière visite qu'elle avait faite chez une tante habitant dans une rue proche avec vue sur ND l'avait encore plus attristée.
On voyait cet échafaudage de métal, origine du mal, planté dans l'échine de ND comme un poignard, un crabe monstrueux, fondu en elle et qui ne voulait pas sans aller.
Quelle chimiothérapie pourrait en venir à bout ?

Elle sortie du métro, plongée dans ses pensées. Remonta la rue en pente qui menait chez elle, non sans avoir vu ce chien maigre et grand qui attendait visiblement quelqu'un à la sortie de l'escalier.
Il était seul, et apparemment sans collier, mais elle était sûre qu'il appartenait à quelqu'un.

Elle monta par l'ascenseur, alors qu'elle n'aimait son côté ancien et rabougri.

Avant de ressortir pour dîner  avec ce photographe et ami japonais, elle prépara avec soin son sac à dos pour partir directement en montagne le lendemain après sa journée.


Elle était libre de ses horaires, mais avait justement un rendez-vous de travail vers 15h, et avec les grèves, il faudrait un certain temps pour sortir de Paris.

Elle arrosa ses plantes, terrasse et intérieur, puis alla se changer.
Ce soir, elle mettrait cette robe de mousseline bleu foncé, décolleté dans le dos, qui mettait en valeur sa carnation . Un bracelet de tissu, et son parfum , un trench par dessus et sa pochette à la main avec l'indispensable.
Elle ressortit.

Il l'attendait depuis quelque minutes, et il fut une nouvelle fois ravi par sa démarche, son allure d'adolescente montée en graine, un peu timide et audacieuse à la fois. Il remarqua qu'elle portait des chaussures à talons hauts, et il sut que c'était pour lui faire plaisir, car elle préférait les baskets…..

Il s'embrassèrent brièvement, et il lui prit la main pour aller au restaurant dans une petite rue près de Notre Dame.
 
Ils aimaient ce quartier tous les deux, bien qu'il sentait en elle le désamour s'installer à l'égard de cette ville, qu'elle ne reconnaissait qu'en partie.

Il n'y avait pas que Notre Dame : les manifestations violentes, durement réprimées avec des blessés graves, les dégradations qui avaient commencé par l'Arc de Triomphe , où elle se vantait en riant d'avoir le nom d'un de ses aïeux inscrit…...tout cela , la brutalité, la force qui ne maintenait l'ordre que dans les têtes malades des dirigeants, la faisait se détacher de Paris, à regrets, mais se détacher tout de même.


C'est grâce à ce désamour qu'il lui avait proposé de partir s'installer chez ses parents, près de Tokyo.
Elle ne savait que lui dire…...elle n'était pas prête à partager à nouveau la vie de quelqu'un même aussi talentueux que lui, même aussi beau, même aussi amoureux.
Elle lui avait demander d'attendre un an.
Ils décideraient ensemble à Noël 2020.

En attendant, ils profitaient de ce bonheur doux et calme qui existait entre eux,

Ils se quittèrent au retour sur le pont qui allait vers l’île de la cité, après avoir regardé ensemble la Seine couler impassible sous eux.
Il la regarda s'éloigner rapide et semblait-il joyeuse puis reparti dans l'autre direction pour rentrer chez lui.

Le lendemain matin, elle se leva de bonne humeur, et se prépara pour partir en fin d'après midi vers la montagne pour rejoindre une partie de la famille qui lui restait.

Il faisait relativement clair, et très doux, comme presque toujours à Noël, alors qu'on aurait aimer voir la neige tomber pour que le décor soit complet.


Elle écrivit deux articles qui étaient en retard, pris quelques photos pour les illustrer, avala un sandwich tout en regardant les nouvelles sur son téléphone.
Tout était assez décourageant comme d'habitude , mais elle échangea avec ses amis lointains puis, remis son sac sur ses épaules et partit à pieds à son rendez vous de travail .

La jeune femme qui la reçue était très aimable, mais le travail qu'elle lui proposait ne l'intéressait pas : il s'agissait de suivre des « peoples » et pour l'instant elle , qui était en free lance, pouvait se permettre de refuser.
Et puis ce fut déjà l'heure de se rendre vers la gare de Lyon par n'importe quel moyen.

Finalement, elle prit un taxi en co voiturage, deux autres personnes allaient gare de Lyon dans l'espoir d'avoir un train pour le Sud Est.
Il s'agissait d'un père et de son fils, le petit garçon avait l'air très ronchon, le père aussi d'ailleurs, mais c'était compréhensible vu les circonstances. Elle comprit rapidement que c'était un petit garçon partagé, qui partait chez sa mère et grands parents maternels pour les vacances.

Elle se mit à penser à Zazi dans le métro, le film, et du coup elle en raconta une partie au petit garçon, Thomas, qui fut ravi.

Quand il éclatait de rire, on voyait qu'il avait encore ses dents de lait……

Hélas, les encombrements étaient tels, qu'elle décida de marcher plutôt que d'attendre……
Ce fut dans ces circonstances, qu'elle entendit brusquement des sirènes hurler, la ville autour d'elle se figer et les gens commencer à s'attrouper sur le pont qui traversait la Seine à cet endroit

Instinctivement elle regarda vers Notre Dame, mais elle ne vit rien, de la poussière ? De la fumée à nouveau ! Tant pis! la montagne attendrait. Elle revint à pieds vers l’île de la cité.

 Exténuée, il faisait déjà nuit, il faut dire que c'était les jours les plus courts de l'année.
Elle rejoint un groupe qui regardait la cathédrale.
Horreur, un des deux beffrois, celui de droite semblait s'être écarté de l'autre, il penchait vers l'extérieur.
Et là dans une vision d'apocalypse, il continua sa chute et dans un bruit dantesque s'effondra , entraînant dans sa chute l'autre beffroi, les cloches et tout le reste de la cathédrale, les bâches, échafaudages et autre contreforts de bois.

Un silence épouvantable succéda à ce vacarme. Même les sirènes se turent un instant.
La sidération était telle que personne semblait réaliser ce qui venait de se produire.

Elle regarda ses voisins, vieillis, gris, comme elle devait l'être elle même.

Alors , un chagrin insoutenable l'envahit, elle pensa au bourdon qu'elle avait visité avec son père quand elle était fillette, son père disparu trop tôt,.
Elle se détacha du groupe, enjamba le parapet du pont et sauta dans l'eau.

Elle avait oublié qu'elle était une très bonne nageuse, mais heureusement, son sac à dos lui frappa la nuque et elle perdit conscience.

Elle se réveilla en sentant les pavés du quai sous son dos et ses fesses.
 Un animal , un chien pour tout dire, l'avait harponnée par son blouson et la retirait du fleuve…….